La paranoïa et la terreur : comment y résister ?

16/07/2016 11:21
« Qui veut reconnaître et détruire un être vivant commence par en chasser l’âme : alors il a entre les mains toutes les parties. »

 

Goethe, Faust.

 

Bonjour à tous,

 

Si vous voulez recevoir mes analyses sur les événements en cours, je vous invite à suivre ma nouvelle  page sur Facebook, sur laquelle je publie beaucoup plus régulièrement, en-dehors de mes traditionnelles newsletters mensuelles.

 

Je crois essentiel d’introduire du discernement, et par mes travaux de longue haleine sur le système paranoïaque, il est essentiel que je transmette des points de repère et que vous puissiez les diffuser si vous le souhaitez. 

 

Chaque acte de prise de conscience, de débat et de diffusion compte en ce moment. 

Chaque parole, chaque image relayée, chaque pensée et chaque émotion aussi. 

Parce que résister pour défendre le vivant n'est plus une option, mais implique clairement le futur de la France, et de notre planète. 

Ayons bien conscience que la France a sans doute une grande responsabilité en matière d’exemplarité pour d’autres pays, de par les valeurs universelles transmises dans son passé.

 

Retrouvez aujourd’hui ma brève, intitulée « La paranoïa et la terreur : comment y résister ? »

 

Préambule

Tout d'abord, j'adresse toutes mes condoléances aux familles des victimes de Nice, à leurs amis, à leurs proches, et ces condoléances s'adressent aussi à toutes les victimes de tous les attentats perpétrés ces derniers temps, qu'ils se produisent à Bagdad, à Tunis, à Paris, à Bruxelles, à Damas etc.

Je formule le souhait que nous puissions accompagner les âmes des défunts par nos cœurs compatissants et nos prières, pour qu'elles puissent trouver la paix et s'élever dans la lumière.

J’ai une pensée toute particulière pour les enfants, ces enfants du monde qui sont confrontés sans armes, dans leur innocence, à la violence du monde, à la brutalité, à la barbarie. 

Tous ces enfants blessés, abusés, manipulés, violentés, violés, massacrés. 

 

J’ai désiré écrire cette newsletter exceptionnelle pour répondre à plusieurs interrogations que je reçois.

Avant cela, je renvoie au magazine Nexus de juillet-août 2016 , où j’ai donné une interview de 4 pages sur l’état de la France aujourd’hui, et cette interview me semble primordiale à lire pour tenter de comprendre ce qui se passe sous l'angle d’une maladie de civilisation.

 

Le traumatisme

Chaque personne qui s’identifie aux êtres qui auraient pu se trouver, ce soir-là, à Nice, est aujourd’hui traumatisée. 

Pas seulement ceux qui ont perdu un proche, ont été blessés, ou se sont retrouvés plongés dans cette panique.

 

Le traumatisme procède par identification. 

Selon son niveau de conscience et d'ouverture, l’on s'identifiera à son village, à sa région, à son pays, à ses origines, au genre humain. Ceci explique que l'on soit souvent plus sensible aux événements qui se déroulent près de chez soi qu'à ceux qui paraissent plus lointains. 

Les humanistes dont je fais partie s’identifient à tous les êtres souffrants sur cette terre, sans distinction de race, de couleur, de pays, de religion. 

Or, je suis aussi française. 

De plus, je suis corse par ma mère, et le 14 juillet est un jour spécial pour les corses, dédié à ce grand homme que fut Pasquale Paoli, né dans le village d’origine de mes ancêtres. 

Alors ce 14 juillet 2016, j’ai été triplement atteinte dans mes identités, humaine, française et corse, et je dois dire qu’enfin, j’aime particulièrement cette Promenade des Anglais, Nice fait partie d'un fort souvenir d'enfance.

Ce fut le premier voyage en avion dont je me souvins, j'étais partie y rejoindre ma mère qui venait de subir une opération et y était en clinique de convalescence. J'y avais mangé une glace au melon, je n'avais pas trouvé cela bon ! Et j'avais regardé les cerfs-volants sur la plage.

Alors, je ne parle pas à chaque événement, mais là je ressens une responsabilité forte à le faire, car la France est en train de basculer dans une psychose collective qui se nomme paranoïa, et il faut bien des êtres qui cherchent, qui étudient, qui transmettent et qui relaient pour que ceux qui ont la capacité psychique de résister à cette contagion délirante aient les outils pour le faire.

 

 

Et bien sûr, il existe des degrés de chocs traumatiques.

Ces degrés dépendent aussi de la réaction de l’entourage autour de vous lorsque vous réceptionnez le choc traumatique.

Manifestement, toute la France était en grande panique, y compris sur les réseaux sociaux, ce qui a majoré le choc, tout en permettant, de manière ambiguë, un partage.

 

De plus, si vous regardez en boucle les images traumatiques à la télévision, si vous visualisez des images de blessés, de mort, des vidéos d’attentats, vous augmentez votre choc traumatique.

 

Tout ceci est complexe mais en gros de quoi s’agit-il ? 

D’un éprouvé de terreur, face à la menace de perte d’intégrité (la sienne ou celle d’une personne à laquelle l’on s’identifie au moins partiellement).

Dans cet éprouvé de terreur, le psychisme vole en éclats, en mille morceaux, le temps de la sidération, c’est-à-dire du choc.

La personne vit une implosion intérieure : perte de la capacité de pensée, anesthésie émotionnelle, court-circuit des fonctions vitales. Vous êtes « scotchés ».

Une fois le moment passé, vous vivez ce que l’on appelle un PTSD, un syndrome de stress post-traumatique. 

Vous sursautez au moindre bruit de pétard en croyant qu’il s’agit d’un attentat. 

Vous voyez un camion et vous êtes pris d’une peur panique etc.

 

Les objectifs de la terreur

En clair, traumatiser permet de soumettre des individus, des groupes, des peuples.

Le plus efficace, c’est de les traumatiser durablement, sans caractère prévisible, afin que le psychisme ne puisse pas se préparer. Traumatiser sur la durée par surprise.

 

Le traumatisme précédent s’est un peu atténué, vous croyez revivre comme avant ? 

Surgit alors un nouveau traumatisme. Et cette répétition donnera le sentiment que jamais, nulle part, avec personne, vous ne serez plus en sécurité.

 

C’est l’une des méthodes du harcèlement, et j’ai déjà écrit dans divers articles et livres antérieurs, cette tactique qui consiste à infliger des chocs traumatiques réitérés sur la durée.

 

Car il faut savoir qu’il y a un avant et un après du traumatisme. Il faut le prendre en charge le plus rapidement possible, pour éviter des séquelles graves, psychiques, et en particulier des troubles de mémoire considérables qui peuvent mener vers des Alzheimer précoces, comme cela a été étudié chez les militaires. Mais, même s’il y a prise en charge, il existe un avant et un après. Avec le traumatisme, vous vous êtes fissuré. Jamais plus vous ne verrez le monde comme avant. Cela peut être l’occasion d’une grande et belle transformation. Ou d’une souffrance jamais résolue, si la personne ne se fait pas suffisamment aider.

 

Le traumatisme infligé intentionnellement vise à annuler toute capacité de penser en créant des émotions dissociées, l’impuissance, la terreur, et souvent, la haine.

Ces émotions dissociées seront orientées ensuite en égrégores, c’est-à-dire qu’elles sont partagées au sein de collectifs et se diffusent. Brutes. Sans élaboration ni symbolisation. 

L’éprouvé d’agonie que ressent la personne au moment du traumatisme se propage, et trouve un mécanisme simple, rapide, efficace, pour s’atténuer : l’idéologie, c’est-à-dire la création d’une pensée simpliste, partagée par le collectif, et qui propose des solutions expéditives. Entendons-nous bien : l’idéologie est délirante. C’est le produit du délire paranoïaque, pour répondre au sentiment de persécution du collectif. Or, un délire est le fruit d’une psychose, ici, la psychose paranoïaque. 

 

Le délire est toujours la création d’une nouvelle réalité pour fuir une réalité que l’on ne parvient pas à se représenter ni à penser, qui est insupportable. Une réalité dont on a le sentiment qu’elle persécute.

 

L’idéologie propose un dogme, désigne un persécuteur, et impose une solution expéditive : tuer le persécuteur pour rétablir l’ordre ancien. 

 

 

Je résume : la personne, prise dans des éprouvés d’agonie suite au choc traumatique, cherche une méthode rapide et simple pour contrer ces éprouvés d’agonie. Elle nourrit donc des émotions de haine et de toute puissance, pour lutter contre le sentiment d’agonie et d’impuissance. Ces émotions se partagent dans des collectifs qui vont créer des dogmes, désigner des persécuteurs et finir par élire un sauveur, qui correspondra en tout point au profil psychopathologique du paranoïaque.

 

Le pouvoir paranoïaque, avec ses alliés pervers, sait pertinemment bien manipuler la masse, c’est-à-dire créer des égrégores qu’il va pouvoir orienter vers son projet impérialiste et guerrier. 

 

Il sait se proposer en sauveur : il annonce que soit on est « avec lui », soit on est « contre lui ».

« Avec lui » pour faire la guerre, « contre lui » si l’on ne veut pas faire la guerre. Une guerre qui se justifie curieusement au nom de la paix.

Ainsi va l’inversion paranoïaque, ainsi se déroule le paradoxe paranoïaque.

Après l’annonce de son programme, il persécutera tous ceux qu’il aura désignés « contre », des innocents, des pacifistes, des intellectuels, des libres penseurs. Meurtres, enfermements, asiles. Et autorisation d’une jouissance sadique pour tous ceux qui participent à cette grande messe occulte de manipulation des égrégores issus du traumatisme non soigné.

 

Picasso, Guernica

 

Ces égrégores, créés intentionnellement, sont toujours manipulés par les pouvoirs pervers et paranoïaques qui ne manqueraient pour rien au monde une si belle occasion de s’allier pour soumettre davantage le peuple.

 

Par exemple, suite à plusieurs attentats, les gens se sentent terrorisés et impuissants. 

Terrorisés, ils vont supplier pour obtenir une protection.

Impuissants, ils vont nourrir un sentiment de haine et de revanche et désigner un ennemi, le juif hier, "l’arabo-musulman" (?) aujourd’hui, avec des amalgames complètement sidérants pour qui pense quelques secondes.

 

L’idéologie a le pouvoir de sidérer en retour. C’est un délire qui impose sa réalité.

Si vous n’êtes pas d’accord, si vous la mettez en doute, si vous n’y souscrivez pas totalement, vous devenez le persécuteur. Le traître à abattre.

 

On reconnaît l’idéologie du délire paranoïaque à l’ordre inversé des choses, la paranoïa inversant toujours le bien et le mal, le persécuteur et le persécuté.

Au nom de la paix, il fait la guerre.

 

Dans l’idéologie paranoïaque, les bons deviennent méchants, les pacifistes deviennent des traîtres.

 

Réfléchissez, mais je crois que vous serez d’accord avec moi : on y vient en France. A toute vitesse. Et c’est en gestation depuis des années.

 

L’idéologie paranoïaque combat souvent une autre idéologie paranoïaque, et le reste du temps, elle colonise, s’épand, selon la conquête de l’espace chère aux paranoïaques.

 

La paranoïa infiltre les religions pour créer des délires mystiques qui serviront ses propres intérêts matérialistes et impérialistes.

 

Rappelez-vous la colonisation chrétienne. Moi qui vis aujourd’hui aux pieds de la Sierra Nevada colombienne, non loin des indiens de la civilisation Tayrona, je suis sans voix face à ce qu’il en reste : quelques objets plantés dans des musées poussiéreux, sans histoire, tout a été rasé, dans une sauvagerie inouïe. Le chef des indiens Tayrona a été tué en 1600, ses membres ont été découpés et exposés un peu partout sur le territoire. Le message de Jésus n’a rien à voir avec cela. Jésus qui est aussi un Prophète dans l’Islam. Tout confondre, sans nuances, c’est faire le jeu du dogme simpliste de l’idéologie. C’est délirer en chœur.

 

La Cité Perdue des Indiens de la Civilisation Tayrona, décimée sous la conquête

 

Tous les croyants qui ont une dimension spirituelle fondée sur l’ouverture du cœur et les valeurs morales se rejoignent et partagent ensemble. 

J’ai vécu petite à Saint-Denis dans le 93, j’ai été témoin de ces religions qui vivaient bien ensemble, avant qu’il n’y ait des infiltrations politiques qui ont, d’un coup, radicalement changé le paysage.

 

Alors comme la masse se nourrit de divertissements TV, de rumeurs, n’a aucune culture, ne voyage pas, n’étudie pas l’histoire, je n’ai aucun espoir en elle. Je n’écris pas pour elle. J’écris pour ceux qui verraient parfois trouble dans la confusion ambiante, et ont le désir de s’éclaircir les idées.

 

Car, comment est-ce possible de prendre les mêmes méthodes, de juste changer le décor, et de ne pas voir que les appels au meurtre et à la haine contre une communauté sont strictement identiques à ceux que l’on a connus il n’y a même pas un siècle ?

 

Les experts paranoïaques du pouvoir savent très bien comment manipuler les masses, les masses n’y réfléchissent pas, jugent les autres peuples assez rapidement, et se retrouvent embarquées dans les mêmes processus.

Mélangez les chocs traumatiques, les égrégores, la naissance des idéologies, et vous obtenez le parfait cocktail de l’avènement d’un Hitler au pouvoir. Un sauveur qui va rehausser le narcissisme blessé de la nation.

La France glisse sur cette pente, comme je l’ai expliqué dans la revue Nexus de juillet-août 2016 (l’interview a été réalisée au printemps 2016).

 

Pour conclure sur le traumatisme, voilà pourquoi il est essentiel de se faire prendre en charge psychologiquement : pour éviter des séquelles graves, en particulier mnésiques, pour éviter de se faire sidérer encore plus facilement la prochaine fois, pour éviter de malgré soi se mettre en répétition en attirant à soi des profils prédateurs, pour éviter de devenir un jour, par le fruit des processus psychologiques, identique à celui que l’on dénonce comme son agresseur.

 

Le système paranoïaque et ses méthodes

Le harcèlement d’un peuple, que l’on vise à soumettre, fonctionne donc sur la terreur.

A la limite, peu importe au fond de savoir qui exécute, car dans le système paranoïaque, l’exécutant est une marionnette qui sera elle-même exécutée ensuite.

Peuvent exécuter tout autant des marionnettes entraînées, payées, endoctrinées (des mercenaires, des tueurs qui font les sales besognes contre bon salaire), que des personnes qui, dans un système paranoïaque, vont elle-même décompenser sur un mode paranoïaque.

 

Car dans les collectifs où circule l’idéologie, c’est-à-dire du délire paranoïaque, il y a contagion délirante (comme je l’explique dans mon livre Psychopathologie de la Paranoïa), et cette contagion délirante va impacter ceux qui seraient restés « paranoïaques en puissance » dans un collectif sans idéologie, mais passent à l’acte dans un collectif mû par le délire paranoïaque.

 

La question n’est jamais celle de la marionnette, mais de ceux qui la téléguident derrière. Ceux-là ils ne vont ni se signaler, ni laisser d’adresse, ni rien. 

Ils agissent toujours dans l’ombre ; les paranoïaques sont de redoutables stratèges.

 

« Tous les peuples du monde désirent vivre en paix et doivent se méfier de ceux qui ont la passion du pouvoir, c'est-à-dire, la passion de les asservir. Plus un peuple a peur, plus il se dessaisit des clés de son pouvoir personnel (...) »

Extrait de l'interview donnée pour le magazine Nexus de juillet-août 2016 à vous procurer de toute urgence pour ceux qui désirent approfondir ce qui œuvre en terme de processus.

 

Y voir clair

La priorité c’est d’y voir clair.

Le problème, c’est qu’avec les chocs traumatiques réitérés, nombreux sont les psychismes effractés qui n’ont plus suffisamment de ressources pour affronter cette réalité avec lucidité.

Se mettent donc en place des « mécanismes de défense » que j’ai étudiés par ailleurs dans plusieurs ouvrages, et dont vous pouvez trouver un extrait dans un article de 2015.

 

Par exemple, l’on ne ressent rien. Ou l’on ne se rend pas compte. Ou l’on banalise. Ou l’on évite le sujet. 

J’ai vu cela sur Facebook, que je découvre plus en profondeur. Pour un psychopathologue qui aime analyser les processus comme je le fais, les réactions étaient très instructives :

  • Certains étaient déjà dans l’idéologie, propageaient des rumeurs, appelaient au meurtre et à la vengeance.
  • D’autres faisaient comme si cela n’avait pas existé et postaient de gentils posts vantant les mérites de l’amour.
  • D’autres, dans les communautés spirituelles, invoquaient l’arrivée de la « nouvelle terre », qui allait nous guérir de tous ces maux.

Voilà autant de mécanismes de défense mis en place suite à un choc traumatique ; il en existe beaucoup d’autres, et il faut retenir qu’ils nous évitent la lucidité et la pensée claire, et contribuent à propager l’angoisse.

 

Non seulement ces mécanismes de défense ne solutionneront rien, mais ils peuvent être dangereux à terme, car ils vous placent déjà dans cette néoréalité délirante, que vous le vouliez ou non.

 

Il faut réussir, en pensant, lisant, échangeant, ressentant, à sortir de ces mécanismes de défense. 

En travaillant sur soi le plus possible, pour ne pas se faire entraîner malgré soi dans cette néoréalité délirante. 

En prenant du recul et de la distance, temporelle (étudier l’histoire) et géographique (pour se dépolluer).

 

Comme toujours, les processus sont essentiels à analyser, pour faire des parallèles, et comprendre que la France est en train de basculer dans un système paranoïaque, et que seuls les êtres conscients que vous êtes peuvent arrêter cela, ou au moins, l’atténuer, en ne vous laissant pas piéger dans ces égrégores dont les émotions sont ensuite manipulées pour faire adhérer à des causes auxquelles vous n’adhèreriez pas si vous saviez ce qu’elles recouvrent vraiment.

 

Cui bono ?

Cette question est essentielle et primordiale à se poser en matière d'investigation selon l'orateur, avocat, philosophe et consul romain Cicéron.

 

Satis est in illa quidem tam audaci, tam nefaria belua, docere magnam ei causam, magnam spem in Milonis morte propositam, magnas utilitates fuisse. Itaque illud Cassianum 'cui bono fuerit' in his personis ualeat; etsi boni nullo emolumento impelluntur in fraudem, improbi saepe paruo.

 

Lorsqu'il s'agit d'un scélérat, d'un monstre de cette espèce ; il suffit de montrer qu'il avait un grand intérêt à faire périr Milon, et qu'il fondait sur sa mort l'espérance des plus grands avantages. Que le mot de Cassius : « A qui profite le crime ? » nous dirige donc et nous aide dans nos recherches. Si nul motif ne peut engager l'honnête homme à faire le mal, souvent un léger intérêt y détermine le méchant.

Cicéron, Pro Milone, chapitre XII.

 

Une première réponse :

Le crime ne profite pas aux populations civiles en tout cas, de quelque pays qu'elles soient.

 

Une deuxième réponse :

Le crime ne profite pas non plus aux musulmans qui en sont également victimes (victimes d’attentats et victimes des pulsions de persécution).

 

Les fanatiques n’ont rien à voir avec les musulmans qui désirent pratiquer leur religion en paix, et ils sont nombreux.

 

Quelle réaction attend-on de moi sur cet événement ?

L’autre question essentielle est quelles sont les réactions primaires que l’on souhaite susciter en moi à travers ce type d’événements de terreur.

La terreur. 

  • Et après la terreur ?
  • La réaction primaire de faire taire la terreur
  • La colère et l'invocation de la guerre
  • La recherche du sauveur qui apaisera l'angoisse

 

Il suffit d’observer en soi ses réactions primaires pour comprendre ce que le système paranoïaque cherche à susciter puis à manipuler.

 

Le Cui Bono et le « quelle réaction attend-on de moi ? » sont deux questions fondamentales en termes de manipulation de masse.

 

Y résister

Si vous êtes traversés, comme beaucoup le sont ces derniers mois par des angoisses inouïes, des cauchemars à répétition, c’est : logique. 

Vous n’êtes pas les seuls.

Cela s’appelle une réaction traumatique au système paranoïaque. Cela signifie même que votre psychisme refuse de se laisser embarquer dans la contagion sociale du délire paranoïaque.

Et que vous êtes partiellement entrés malgré vous dans l’égrégore de terreur (ce partage émotionnel, avant de devenir idéologique, avec une communauté), que les harceleurs désirent que les français éprouvent.

Cela s’appelle aussi de l’instinct de survie, de l’alerte intérieure. 

Il faut l’écouter. 

Certains de mes patients éprouvent le besoin de changer de lieu, de reconfigurer leur vie, il faut écouter votre alerte interne, nous vivons une période exceptionnelle, hors norme, et il faut introduire de la lucidité sur le fait que cela ne s’arrangera pas demain.

 

« Comment puis-je parler de moi, si dérisoire, face à des innocents fauchés dans l’horreur ? »

Beaucoup de mes patients me demandent comment peuvent-ils continuer à parler d'eux-mêmes face au traumatisme que la France est en train de vivre.

 

Je précise que mes patients viennent comprendre pourquoi ils souffrent dans ce monde si violent et brutal, et qu'ils ne sont pas fous, bien au contraire, car ils sont capables de remise en question. A contrario, être parfaitement « adapté » aujourd'hui me paraît bien suspect... 

Et que tous mes patients sans exception ont un niveau de conscience souvent bien au-dessus de la masse.

Alors, pourquoi faut-il continuer à parler de soi, à travailler sur soi, et à s'introspecter ?

 

Pour plusieurs raisons :

 

 

1° Le terrorisme et les logiques guerrières visent à paralyser toute activité, toute pensée et à semer la mort. Donc, résister, c'est vivre encore plus, encore mieux et défendre la vie sans se laisser happer par des émotions terrassantes de tristesse, d'impuissance et de douleur, qu'il ne s'agit pas non plus de dénier. 

Mais il s'agit de ne pas y rester.

 

2° Parce que, pour lutter contre la violence, il faut d'abord identifier les racines de l'impuissance, de la haine et de la violence en soi.

 

3° Une fois ces racines identifiées, il faut les déraciner, et servir d'exemple, par une présence bienveillante pour soi et autrui, comme une sentinelle de lumière et de paix qui permet de diffuser l'harmonie au sein du chaos.

 

4° Parfois, certains mêmes pourront enfin prendre des rôles actifs et transmettre.

 

Ce n'est donc pas un droit que de parler de soi, de travailler sur soi et de s'introspecter. C'est un devoir. 

 

Si davantage de personnes s'attelaient à nettoyer leurs propres failles, le monde s'en porterait beaucoup mieux.

 

Car c'est sur ces failles que les peuples se font manipuler et qu'ils basculent dans des logiques impérialistes et guerrières, qui leur font désigner le pacifiste comme le traître, et les font basculer dans la haine et le sadisme qu'ils prétendent dénoncer et combattre par ailleurs.

 

Enfin, je crois important de divulguer un message très important, dans le néant culturel et spirituel dans lequel nous nous retrouvons aujourd’hui en Occident, message des grands sages, des grands philosophes qui ont traversé l’Humanité depuis des siècles (plus pour longtemps me direz-vous).

 

Nous croyons que tout se réduit à notre corps terrestre, nous nous accrochons à lui, à ce que nous possédons mais tout ceci disparaîtra en poussières. Nous sommes avant tout Esprit, et de grands philosophes en ont parlé : Platon, Plotin, Hegel, Bergson, entre autres. Pythagore aussi.  Voyez ma brève sur le sujet.

L’Esprit ne s’arrête pas à la mort terrestre. 

Il souffle déjà dans les mémoires individuelles, dans les mémoires familiales, dans les mémoires des peuples, dans les mémoires de l'Humanité. 

L'Esprit de Montaigne souffle sur l'humanisme, l'Esprit d'Einstein souffle sur le génie humain, l'Esprit de Platon souffle sur la philosophie.

 

Notre civilisation recherche l’immortalité terrestre et renie l’immortalité spirituelle. Quel pur non-sens !

Plus aucune œuvre ne se crée avec l’intention de l’immortalité.

Chez les Grecs anciens, l’on œuvrait pour l’immortalité de l’Esprit. 

A quoi cela nous sert-il d’être immortels terrestres, dans ce monde chaotique ? 

Il est plus que tout essentiel de préserver l’Esprit, son intégrité, son souffle, car nous l’emporterons au-delà de la tombe. 

Si l’âme est dissociée, manipulée sous propagande, la perte n’est-elle pas bien plus immense que la perte de la chair ? 

A chacun d’y répondre, mais personnellement j'en suis persuadée.

 

La sécurité n'est pas la peur et la haine.

La sécurité est la paix et la conscience.

 

Paix et lumière sur vous tous, et rejoignez-moi sur Facebook pour poursuivre ces leçons psy sur la manipulation.

 

Ariane Bilheran, normalienne, écrivain, docteure en psychopathologie